Publié le 17 juin 2015
Route 10 Dielette au raz de pétole, au nez de Jobourg et pigeon voyageur
Je sais, tout le monde attend ce passage épique, homérique, ramsesique. Je m’y emploie. Voici déjà le tracé.
Départ comme prévu avec Nectar de Norbert et Pierre, tracté pour sortir de la grande rade.
Cap ONO à 5 noeuds accélérant à l’approche de La Hague. On se quitte avant le phare en se promettant de se emailler les photos prises à bord. Une grande pétole, pas une ride de vent. Je me fait aspirer par le courant et n’arrive pas à rester sur le bord gauche, entre terre et phare. Je laisse dériver à droite, à l’Ouest du phare, le moteur prèt à démarrer si besoin. Un coup de moteur à l’approche de la cardinal Ouest ne suffit pas et le catamaran s’engage sur le bord des vagues remontées sur les haut-fonds par le courant. Je scrute les moindre vagues pour passer entre, l’eau est très claire, tout a l’air de bien aller. Soudain un rocher blanc remonte du fond, talonne un petit coup la coque tribord et replonge, rien sur le safran, puis plus rien, le calme du tapis roulant sans aucune vaguelette. Le raz est passé dans une totale pétole. Je dérive à 2 noeuds plein Sud, content d’être passé au tout début du jusant. C’était le raz de la pétole.
Je dérive toujours. J’appelle le 16 qui me dirige vers le 10, phares et sémaphores, pour le informations météos. Ils confirment le renforcement du vent par l’Ouest en fin de journée et 2 noeuds au 360 actuellement. Je dirige l’étrave vers la côte et je prend patience. Un léger, très léger vent me rapproche de la côte pendant que le courant m’emmène au Sud. Je passe devant Jobourg et son fameux nez.
Un peu d’air arrive donnant un peu de manoeuvrabilité au catamaran. Je passe tout près du nez et je l’enroule pour découvrir un endroit magnifique de petits rochers dans l’eau au pied d’une montagnes à rendre jaloux les randonneurs. Magique, le paysage defile dans un calme et une sérénité quasi mystique.
C’était le nez de Jobourg.
Puis cap au Sud à travers l’anse de Vauville, ciel bleu, soleil, le rêve au petit largue pour aller à Dielette. J’y arrive reçu par un zodiac qui m’invite à prendre la cale devant le club nautique. Arnaud (!) le chef de base et l’équipe de terrain du club m’aide à remonter le catamaran jusqu’au club.
Je range tout, tout le monde est parti, je reste seul, courbé bricolant sur le catamaran. Et là, m’arrive quelque chose que je croyais réservée aux oeuvres romantiques ou aux images pieuses. Je sens, alors que je n’ai rien entendu, quelque chose sur mon épaule droite. Rien d’agressif apparemment. Je tourne légèrement la tête et je découvre un pigeon posé sur mon épaule. Après une longue conversation lui expliquant que ce n’était pas un endroit pour lui, il saute à terre et se promène près de moi comme si on se connaissait depuis longtemps. Plus tard je l’ai retrouvé dans un escalier posé au dessus de l’éclairage pour se réchauffer et y passer la nuit.
Moi aussi je vais me coucher, avec le soleil.
C’était le pigeon voyageur,bien mieux que le corbeau réveil matin.
Bonsoir Ramses,
Merci encore de nous faire partager ainsi ta magnifique aventure.
Et un grand merci au pigeon qui a eu la bonne idee de te souffler à l’oreille d’ajouter la carte de ta nav à ton merveilleux récit.
Bon vent.
dialoguer avec les oiseaux c’est à ça que l’on voit les vrais marins …. solitaires 😉