Publié le 16 décembre 2015
151208 Fatu Hiva et Freddy
La traversée s’est bien passée, j’arrive tout juste de Polynésie et vais, dans les jours qui viennent, mettre sur le blog les 3 derniers articles de ce voyage inoubliable:
– 151207 Traversée des Galápagos aux Iles Marquises
– 151208 Fatu Hiva et Freddy
– 151209 Hiva Oa et Jacques Brel
Freddy bonjour, voici les premières photos comme promis
Ecrivez vite vos commentaires avant que je parte à nouveau vers le Cap Vert en face de l’Afrique cette fois-ci. Je rentre l’année prochaine.
Voici le récit complet de ce passage trop rapide à Fatu Hiva et les rencontres avec Paloma, Freddy et Lionel.
151208 Mardi 8 décembre
Avant de raconter cette étape, il est obligatoire de lire les quelques lignes suivantes, tirées du Petit Futé Polynésie, pour s’imprégner de cette ile Fatu Hiva.
« Fatuiva est un paradis d’une beauté sauvage spectaculaire, qui vit à son rythme doux et tranquille à l’écart de l’agitation des villes. Les quelque 611 habitants (recensement de 2012) de ce lieu mythique, préservé et authentique vaquent quotidiennement, depuis la nuit des temps, aux traditionnelles activités artisanales : sculpture sur pierre, noix de coco, bois de santal ou de rose, et surtout la fabrication du tapa, ce tissu tiré de l’écorce d’arbre et peint à la main. Fatu Hiva, à la pointe de l’artisanat, est réputée pour ses réalisations bien au-delà des Marquises. A 56 km au sud-est de Tahuata, c’est l’île la plus méridionale et la plus isolée de l’archipel. Deux volcans emboîtés et réunis en croissant sont à l’origine de la formation de l’île, qui ne dépasse pas 15 km de long. Ses deux caldeiras s’ouvrent vers l’ouest, formant deux creux propices à l’installation des deux seuls villages de Fatuiva : Omoa et Hanavave. Le reste de la côte est dominé par des falaises vertigineuses, de profonds ravins et d’étroites vallées. Au sommet des montagnes, moutons et chèvres broutent tranquillement, au-dessus de l’épaisse jungle qui descend jusqu’au pied des vagues. Les vallées, arrosées par une pluie généreuse, sont envahies de bananiers, de manguiers, d’orangers, de citronniers disposés autour de rivières fourmillant de ces délicieuses chevrettes et langoustes. Bref, le jardin d’Eden est ici. Thor Heyerdahl, membre de l’expédition Kon Tiki (voir son histoire dans Puka Puka, archipel des Tuamotu), ne s’y était pas trompé : son séjour sur Fatuiva, en 1937, lui inspira l’ouvrage Fatu Hiva, le retour à la nature. Fatuiva fut découverte en 1595 par Mendaña, qui la baptisa, comme les autres îles de l’archipel, du nom de la sainte du jour, Santa Magdalena. Dumont-d’Urville, en 1842, la fit inscrire sous le nom de Fatu Hiva, lors de son annexion par la France. Or, selon la légende de la création des îles Marquises, Fatuiva représente les « neuf parties du toit », et chaque Marquisien sait pertinemment que Iva signifie neuf, alors que Hiva signifie « la poutre faîtière », comme dans Nuku-Hiva. C’est une importante erreur, occultée depuis plus d’un siècle et demi, qu’il fallait bien rectifier, car le nom est prononcé Fatuiva depuis toujours. Malheureusement, tout le monde continue à l’écrire Fatu Hiva…
Omoa, au sud, est niché au pied du mont Touaouoho (960 m), dont l’ascension offre une vue inoubliable sur les deux vallées, avec au fond, Hiva Oa et Tahuata. Le village se distingue par l’église catholique, au toit rouge et aux murs blancs, proche du front de mer où sont allongées des pirogues de toutes les couleurs. Omoa, chef-lieu de l’île, est dominé par un piton rocheux au profil de « moai » de l’île de Pâques. Vous pourrez aussi aller voir le pétroglyphe géant, un immense poisson gravé dans un rocher. Hanavave est logée au fond d’une baie féerique, rendez-vous des plaisanciers de toute la planète. Plusieurs pitons de basalte ocre drapés de verdure se dressent au-dessus d’une plage de sable noir, et prennent des couleurs inimaginables lors du couchant, tout droit sorties d’un délire artistique. Les premiers marins français arrivés virent dans ces pitons des formes phalliques et nommèrent l’endroit « la baie des Verges ». Peu après, les missionnaires catholiques, sans doute outrés, prétendirent que les pitons avaient la forme de vierges voilées et rebaptisèrent ce lieu « la baie des Vierges ». L’histoire est authentique. En tout cas, la baie est d’une beauté magique. »
Après cette description envoutante du Petit Futé, voici donc le récit de notre étape imprévue.
Approche de Fatu Hiva en bateau, au clair du dernier croissant de lune, le matin au lever du jour par le Sud de l’ile et mouillage, toujours sans annexe, devant le village de Omoa. La première impression ressentie est, porté par un léger vent d’Est, un parfum, doux et fleuri, indéfinissable mais bien présent.
On hèle une barque, de retour de la pèche, qui nous débarque très gentiment derrière une petite jetée à l’abri des vagues de la houle.
Le « passeur » nous indique où est sa maison. Comme décrit dans Le Petit Futé Polynésie, page 421 et suivantes, on entend « taper » le Tapa, ces écorces d’arbre qui deviennent de grandes feuilles comme du papyrus.
Nous rentrons tous les cinq dans le village et, attiré par ce « tapage », nous entrons dans un jardin où une femme nous accueille avec un grand sourire.
Elle nous explique comment elle tape, artisanat unique à Fatu Hiva que nul autre n’arrive à copier parfaitement nous dit-elle ; comment couper l’écorce des « muriers », puis séparer les couches de fibre de l’écorce, puis comment taper pour les aplatir et les élargir en une fine feuille qui sera ensuite peinte avec différents signes et motifs symboliques de la culture Marquisienne. Puis nous visitons l’église et culte multiconfessionnelle et les salles de réunion pour les catéchismes et les réunions de délibérations qui gèrent la vie quotidienne.
Ensuite nous remontons l’unique rue qui mène vers la vallée. En chemin, un gros 4X4 Pick-up s’arrête près de nous, c‘est notre « passeur », prénommé Freddy, qui nous indique précisément où est sa maison près d’une voiture rouge et d’un citronnier. Promis, nous passerons le voir. Près de l’école, une femme souriante nous propose un café et nous entraine vers sa maison, petits sièges tabourets en bois, histoire de la vieille pierre en lave sculptée de symbole qu’elle a trouvée dans son jardin quand elle a construit sa maison entre manguiers et bananiers.
L’eau est chaude pour le café, et, de fil en aiguille, Paloma nous raconte les histoires de sa famille, de ses enfants, et nous montre les vêtements traditionnels préparés pour le Festival de Polynésie (tous les quatre ans, qui commence le 16 décembre et se tient à Hiva Oa cette année 2015), ainsi que les objets de l’artisanat traditionnel.
Elle n’a plus beaucoup d’objet car tout a déjà été vendu à la grande foire de Papeete. Ses histoires nous font rêver et, devant le seau plein de monoï, elle nous fait sentir les différents parfums de sa production. Evidement nous achetons quelques souvenirs, perles, bijoux en os et monoï réputé très efficace contre les moustiques. Elle nous donne en plus, cueilli devant nous sur l’arbre, un sac plein de mangues fraiches et de bananes.
Avant d’aller déjeuner, nous nous arrêtons chez Freddy notre passeur, toujours grand sourire. Il nous présente toute sa famille sur trois générations.
On lui demande s’il a des Tapa et des objets en bois sculptés, il nous montre ce qu’il reste après la Grande Foire de Papeete.
Tapa de différentes tailles et objets en bois dont deux belles pirogues à balancier que nous achetons. Je prends aussi un petit Tapa marron en papier d’un bois dont j’ai oublié le nom précis.
Puis nous partons déjeuner chez Lionel tout au bout du village. Après une trempette des pieds au milieu des chevrettes dans l’eau fraiche du torrent qui coure au fond du jardin de Lionel, nous déjeunons.
Bon déjeuner de poisson Thazard du jour et histoire de cet ancien militaire de Mururoa à l’époque des essais nucléaires. Il est venu ensuite s’installer ici, et y a construit sa maison et ses gites chambres d’hôtes, activité qui l’occupe bien depuis quelques dizaines d’années. En plus, il a ouvert un centre informatique et Internet dans le village pour les besoins locaux et touristiques.
Nous repassons ensuite chez Freddy pour le retour et l’embarquement. Il nous rejoint sur la jetée en vélo avec plein d’énormes pamplemousses juste cueillis sur l’arbre.
Naturellement on invite Freddy à monter à bord de Poe Miti, il est émerveillé par le confort de ce bateau et tous les instruments de navigation, on lui donne des conserves et des oignons que nous ne pourrons plus consommer car bientôt arrivé. Il est enchanté et ému par ces cadeaux imprévus, remerciements et retour sur sa barque avec de grand signe d’adieu jusqu’à la plage. Nous sommes touchés par sa riante spontanéité et le plaisir qu’il a eu de visiter ce grand voilier que nous convoyions. Nous partons en fin d’après-midi mouiller à la mythique Plage des Vierges.
Nous invitons d’autres plaisanciers voisins pour un apéritif, rite habituel entre plaisancier, hélas je n’ai pas pu photographier cette plage des Vierges dans la lumière du soleil couchant. Nous dinons et dormons un peu avant de reprendre vers minuit la route de Hiva Oa.
Article mis en ligne le 15 décembre 2015.
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